Dreamforce 2025 a consacré beaucoup de temps à l’IA agentique, aux agents autonomes et aux workflows intelligents. Mais au-delà du spectacle, une vérité s’est imposée à tous les décideurs présents à San Francisco :
l’entreprise agentique ne naîtra pas de l’IA, mais de la donnée.
Dans un monde où chaque service, chaque interaction et chaque décision devient une “action agentique”, la question n’est plus seulement de savoir comment créer des agents intelligents — mais comment les nourrir avec des données fiables, gouvernées et contextualisées.
Et c’est précisément le rôle du nouveau Data 360, évolution stratégique du Data Cloud de Salesforce, qui transforme la donnée en matière première de la performance.
Au-delà du Data Cloud : une plateforme pensée pour l’action
Le changement de nom, du “Data Cloud” vers “Data 360”, n’est pas anodin.
Il ne s’agit plus simplement d’une base de données connectée au CRM, mais d’un moteur de contexte conçu pour alimenter les agents IA d’Agentforce et de Slack.
Jusqu’ici, les entreprises stockaient, synchronisaient, nettoyaient.
Désormais, elles vont orchestrer : permettre à des agents d’exploiter des données en temps réel, de comprendre leur signification, et d’agir dessus.
L’enjeu n’est donc plus la centralisation, mais l’activation intelligente de la donnée, là où elle se trouve.
L’introduction de la technologie Zero Copy incarne cette philosophie.
Au lieu de multiplier les copies et les synchronisations, Data 360 établit des connexions directes avec les environnements Snowflake, Google BigQuery et autres data lakes — sans duplication physique.
Cette approche réduit non seulement les coûts et les latences, mais surtout, elle restaure la confiance dans la donnée source : un point critique quand les décisions sont prises par des agents automatisés.
Le contexte devient la nouvelle donnée
Salesforce a franchi un cap conceptuel : la donnée n’est plus simplement un contenu, c’est un contexte.
Grâce à la fonctionnalité Intelligent Context, Data 360 analyse désormais les données non structurées — documents, graphiques, organigrammes, PDF — et en extrait une compréhension relationnelle.
L’objectif est clair : permettre à un agent IA d’interpréter non pas seulement ce qui est écrit, mais ce que cela signifie.
Un exemple frappant : un agent peut aujourd’hui parcourir un contrat de 200 pages, détecter les clauses de non-conformité, les comparer aux politiques internes, et proposer une correction avant validation.
C’est une révolution silencieuse : l’IA n’extrait plus des données, elle comprend des situations.
Mais cette promesse ne tient que si la donnée est fiable, traçable et gouvernée.
C’est pourquoi Dreamforce 2025 a autant insisté sur la notion de Data Governance by Design : l’idée que la conformité, la sécurité et la qualité doivent être intégrées dès la conception du modèle data, pas ajoutées après coup.
L’unification invisible : le vrai défi des DSI
Derrière la beauté du discours marketing se cache la réalité des DSI :
aucune IA, aussi puissante soit-elle, ne peut opérer correctement dans un environnement fragmenté et incohérent.
Les responsables IT et data sont donc face à un double défi.
D’un côté, l’entreprise exige plus d’automatisation, plus de rapidité, plus d’intelligence.
De l’autre, chaque brique technologique ajoute de la complexité, du risque et des silos.
C’est précisément ce que Data 360 tente de résoudre : faire de la donnée une infrastructure unifiée, sans réécriture des systèmes existants.
Mais unifier ne veut pas dire fusionner. Cela signifie créer un langage commun entre les données, sans forcer leur migration.
Cette nuance est fondamentale : elle ouvre la voie à une adoption progressive, mesurable et surtout compatible avec les réalités opérationnelles des ETI et grands comptes.
Chez Guimini, nous voyons ce mouvement comme une opportunité stratégique : les entreprises qui investissent aujourd’hui dans une architecture de données interopérable seront celles qui pourront activer des agents IA réellement fiables demain.
Car un agent sans contexte est une IA sans conscience — et donc sans valeur.
La gouvernance, nouveau terrain d’innovation
L’obsession du moment n’est plus seulement la performance, mais la confiance.
Dreamforce 2025 a consacré plusieurs sessions à la notion de Trust Layer, cette couche de gouvernance intégrée qui encadre les actions des agents IA.
Chaque décision prise par un agent doit être traçable, explicable et réversible.
C’est une transformation culturelle majeure pour les entreprises : la data governance n’est plus un frein, c’est un mécanisme d’assurance.
Là où autrefois la conformité ralentissait les projets, elle devient aujourd’hui un accélérateur.
Car sans elle, impossible d’obtenir les autorisations internes, la confiance client ou la certification sectorielle nécessaire à un déploiement d’agents en production.
Et cette gouvernance, pour être efficace, doit être outillée, mais aussi vécue.
Les organisations qui réussiront cette mutation seront celles qui intégreront la data governance à chaque niveau : de la conception d’un modèle IA jusqu’à la mise en service d’un agent.
Autrement dit, l’entreprise agentique est avant tout une entreprise consciente.
L’Europe, un terrain exigeant mais fertile
Les annonces de Dreamforce résonnent différemment de ce côté de l’Atlantique.
En Europe, les entreprises évoluent dans un cadre réglementaire strict (RGPD, IA Act) et une culture de la donnée prudente.
Mais c’est justement ce qui peut devenir leur force.
Les entreprises européennes disposent d’une longue expérience dans la conformité, la sécurité et la traçabilité.
Elles sont donc naturellement mieux préparées à construire des architectures data responsables, là où d’autres marchés ont privilégié la vitesse à la robustesse.
L’enjeu, pour les DSI européens, est d’apprendre à valoriser cette contrainte : faire du RGPD un levier d’innovation, transformer la conformité en gage de confiance, et montrer qu’une IA bien gouvernée est une IA plus performante.
L’entreprise agentique européenne ne sera pas la plus rapide, mais elle sera la plus durable.
Et les intégrateurs Salesforce ?
Pour les intégrateurs Salesforce, ce basculement vers Data 360 change tout. Il ne s’agit plus de connecter des outils, mais de construire une intelligence de contexte. L’expertise se déplace : du paramétrage vers la modélisation, de l’intégration technique vers la conception d’écosystèmes data hybrides.
Et cette évolution, Guimini l’a anticipée.
Nos équipes travaillent déjà sur des modèles d’audit data & IA pour aider les entreprises à cartographier leurs flux, évaluer la maturité de leurs données et identifier les premiers cas d’usage agentiques réellement pertinents. Avant de parler agents, il faut parler structure, qualité et gouvernance.
C’est cette méthode — pragmatique, progressive et ancrée dans le réel — qui transforme un projet expérimental en mécanisme de performance durable.
La vraie révolution n’est pas l’IA, c’est la donnée qui pense
Si l’on devait retenir un enseignement de Dreamforce 2025, ce serait celui-ci :
les entreprises qui réussiront l’ère agentique ne seront pas les plus technophiles, mais les plus lucides.
Lucides sur leurs données, leurs dépendances, leurs processus.
Lucides sur ce qu’elles peuvent automatiser sans trahir la confiance de leurs clients.
Lucides, enfin, sur le fait que l’intelligence n’est pas une question de modèles, mais de contexte.
Data 360 n’est pas qu’un outil. C’est une philosophie : celle d’une donnée qui ne dort plus dans un lac, mais qui vit, agit et éclaire. Et c’est là, dans cette donnée vivante, que naît réellement l’entreprise agentique.
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